Le thème 2017 de la Journée internationale des femmes (JIF) du 8 mars est « les femmes dans un monde du travail en évolution : pour un monde 50-50 en 2030 ».

Le monde du travail évolue, avec d’énormes conséquences pour les femmes. D’une part, les avancées technologiques et la mondialisation représentent des opportunités inédites pour celles qui y ont accès. D’autre part, l’informalité du travail, l’inégalité des revenus et les crises humanitaires ne cessent d’augmenter.

Dans ce contexte, seules 50 pour cent des femmes en âge de travailler font partie de la main-d’œuvre mondiale contre 76 pour cent pour les hommes . En outre, une très grande majorité de femmes travaille dans l’économie informelle, les soins subventionnés et les tâches domestiques et exercent des activités peu rémunérées et peu qualifiées, ne bénéficiant que d’une très faible, voire d’aucune, protection sociale. L’égalité entre les sexes dans le monde du travail est un impératif du développement durable.

La célébration organisée par les Nations Unies le 8 mars rappellera à tous les acteurs de franchir le pas pour l’égalité entre les sexes pour un monde 50-50 d’ici 2030, en faisant en sorte que le monde du travail accueille toutes les femmes.

La 61e session de la Commission de la condition des femmes (CSW61), qui se tiendra du 13 au 24 mars au siège des Nations Unies débattra de « l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en évolution ». En savoir plus »

Les femmes dans un monde du travail en évolution : pour un monde 50-50 en 2030

Message de la directrice exécutive d’ONU Femmes

« Nous voulons bâtir un monde du travail différent pour les femmes. En grandissant, les filles doivent être exposées à un large éventail de carrières et être encouragées à faire des choix qui les mènent à des emplois dans les secteurs de l’industrie, de l’art, de la fonction publique, de l’agriculture moderne et des sciences, au-delà des services ménagers et d’aide à la personne traditionnels. »

Phumzile Mlambo-Ngcuka. Photo : Marco Grob.

Trop de femmes et de filles passent un nombre excessif d’heures aux tâches domestiques à travers le monde — souvent plus du double du temps que les hommes et les garçons y consacrent. Elles s’occupent de leurs jeunes frères et sœurs et des membres âgés de la famille, elles affrontent la maladie au sein de leur famille et elles gèrent la maison. Cette répartition inégale du travail se fait souvent au détriment de leur éducation, d’un travail salarié, d’une pratique sportive ou encore de leur engagement civique ou communautaire. Cette situation dresse le cadre normatif des avantages et des inconvénients relatifs à la position des hommes et des femmes au sein de l’économie ainsi que leurs aptitudes à des activités particulières et leur futur lieu de travail.

Tel est le monde immuable du travail non récompensé, une scène familière de futurs anéantis partout dans le monde, où les filles et leurs mères dont les trajectoires sont très différentes de celles des hommes de leur foyer subviennent aux besoins leur famille en travaillant gratuitement.

Nous voulons bâtir un monde du travail différent pour les femmes. En grandissant, les filles doivent être exposées à un large éventail de carrières et être encouragées à faire des choix qui les mènent à des emplois dans les secteurs de l’industrie, de l’art, de la fonction publique, de l’agriculture moderne et des sciences, au-delà des services ménagers et d’aide à la personne traditionnels.

Ce changement doit d’abord s’opérer au sein même des ménages et dès le plus jeune âge à l’école pour qu’à aucun moment dans l’environnement de l’enfant, il ou elle n’entende que les filles sont inférieures, qu’elles doivent s’attendre à moins et avoir des rêves moins ambitieux que les garçons.

Un tel objectif nécessitera des ajustements en matière d’éducation parentale, de cadre et de programmes scolaires ainsi que de stéréotypes quotidiens que relaient les médias comme la télévision, les publicités et les émissions de divertissement. C’est avec cette détermination que nous parviendrons à protéger les jeunes filles de toutes les formes de violences et des pratiques culturelles préjudiciables comme les mariages précoces.

Les femmes et les filles doivent se tenir prêtes à prendre part à la révolution numérique. Seuls 18 pour cent des détenteurs d’un diplôme en sciences informatiques du premier cycle universitaire sont des femmes à l’heure actuelle. Nous devons parvenir à une évolution significative du nombre de filles qui choisissent d’entreprendre des études dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques dans le monde, si l’on veut que les femmes puissent prétendre réussir leur sélection aux emplois de « nouvelle génération » bien rémunérés. Les femmes ne représentent actuellement que 25 pour cent de la main-d’œuvre de l’industrie numérique.

Pour parvenir à l’égalité dans le milieu du travail, il faudra arriver à offrir davantage d’opportunités d’emplois décents, qui nécessiteront des efforts ciblés de la part des gouvernements afin de promouvoir la participation des femmes à la vie économique et de recueillir le soutien de collectifs importants comme celui d’organisations syndicales. Les femmes elles-mêmes devront présenter des solutions permettant de faire tomber les barrières actuelles à leur participation, comme le propose le Groupe de haut niveau sur l’autonomisation économique des femmes du Secrétaire général des Nations Unies. Les enjeux sont élevés : faire avancer l’égalité des femmes pourrait stimuler le PIB mondial de 12 billions de dollars EU d’ici 2025.

Cet objectif implique également une détermination à éliminer les multiples discriminations dont sont victimes les femmes en raison de leur sexe, mais aussi de leur orientation sexuelle, leur handicap, leur grand âge et leur race. Les inégalités salariales suivent le schéma suivant : l’écart salarial moyen est de 23 pour cent, mais celui-ci s’élève à 40 pour cent chez les femmes afro-américaines des États-Unis. Dans l’Union européenne, les femmes âgées ont 37 pour cent plus de risque de vivre dans la pauvreté que leurs homologues masculins.

Dans les industries où les femmes sont déjà surreprésentées et mal payées, sans protection sociale ou presque, nous devons faire en sorte qu’elles accommodent mieux les femmes. Un bon exemple serait un secteur de l’aide à la personne à l’économie robuste qui réponde aux besoins des femmes et les emploie ; des conditions de travail équitables pour le travail rémunéré et non rémunéré des femmes ; et un soutien aux femmes entrepreneuses, en leur facilitant notamment l’accès aux financements et aux marchés. Les femmes qui travaillent dans le secteur informel devront également voir leurs contributions reconnues et protégées. Il sera pour cela nécessaire de favoriser la mise en place de politiques macroéconomiques qui contribuent à une croissance inclusive et accélèrent considérablement les progrès en faveur des 770 millions de personnes qui vivent dans une pauvreté extrême.

La lutte contre les injustices requiert une volonté et une flexibilité de la part des employeurs des secteurs à la fois public et privé. Des mesures devront être mises en place pour recruter et retenir les employées telles que des prestations de maternité plus généreuses qui facilitent également leur réinsertion dans le monde du travail, l’adoption des Principes d’autonomisation des femmes et une représentation directe aux niveaux décisionnels. La prestation d’avantages sociaux attribuée aux nouveaux pères nécessite également d’importants changements avec en parallèle une évolution culturelle qui fait de la prise du congé de paternité et parental un choix viable dont toute la famille profite.

Face à la complexité de l’enjeu, des mesures simples et de taille s’imposent : permettre aux pères d’assumer leur rôle de père, aux femmes de participer et aux filles d’être libres de grandir les égales des garçons. Ces ajustements doivent s’opérer sous tous les rapports si l’on veut que le nombre de personnes capables d’accéder à un travail décent augmente, que l’aspect inclusif demeure et qu’il soit possible de dégager les avantages dont toutes et tous bénéficieront grâce au monde équitable qu’envisage le Programme 2030 pour le développement durable.

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